Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/169

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Il y avait une bibliothèque, avec des livres d’une galanterie fort poussée, et même pire ; des tableautins mythologiques, où les pâmoisons et les abandons se trouvaient si abondamment jetés que c’en devenait de la prodigalité. Et, par les fenêtres du premier étage, on voyait la campagne et ses monts, ses vallées, son ciel et sa terre offrir des harmonies changeantes…

Nous fûmes heureux. Le souvenir de la guerre sournoise et féroce qui nous était faite à Paris s’effaça en moi. Comme Freud l’a bien vu dans ses études sur le refoulement psychologique, il y a une force d’oubli chez les êtres sains, qui les pousse à chasser hors du champ de conscience ce qui est amer, pénible ou déplaisant. Je me vis hors d’atteinte, et mon bonheur fut donc complet. À vrai dire, j’espérais que Rubbia, dans le laisser aller de cette vie rurale, dans ce déracinement et grâce aux douceurs qu’il permet ou ordonne, me ferait des confidences nouvelles sur la mystérieuse bande qui me pourchassait avec elle. J’eusse, bien entendu,