Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/18

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avait des élections. Le grand journalisme international passe à ces moments-là au second plan des préoccupations populaires. J’habitais boulevard Montmartre, au centre du quartier général journalistique, entre la vue Vivienne et la rue de Richelieu. Les loisirs momentanés dont je jouissais parfois me permettaient de fréquenter un tas de salons politiques et mondains, teintés aussi de Belles Lettres, où je cultivais de plaisantes idylles. De ce chef, la vie me semblait fort supportable, d’autant, en sus, que je possède quelque fortune.

Or, un soir, il était, ma foi, près de minuit, je revenais d’une soirée passée chez Eléonora de Virmaigle. Cette veuve du grand boursier donnait dans la mode littéraire du jour : le Goulisme. Comme vous savez, pour un Gouliste, tout est culinaire, et la Cuisinière Bourgeoise est un chef-d’œuvre très supérieur à Madame Bovary. On avait donc entendu Jean Porto dire vingt-quatre tercets sur les petits fours et le début du poème épique de Pol Mac Limoje sur la Colman’s