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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/186

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vie est si brève, les multiples de notre vie si minimes, au plus puissant agrandissement que puisse leur donner notre esprit, que tout dans l’infini nous semble pourtant immuable et immobile…

Chère Rubbia, je te vois levant vers les astres nocturnes ta face étroite aux yeux froids. Mon bras te tenait par l’épaule, tournait sur le torse et se rabattait sur un sein qui possédait ma main plutôt que ma main ne l’étreignait. Je sentais ton corps des genoux à l’épaule, la chaleur m’en grisait, et ma rêverie métaphysique nous faisait donner un instant plus tard à notre amour la féroce et douloureuse ambition d’éternité qui est l’âme du plaisir des sens.

 

Lors du troisième retour à la maison charmante qui nous servait de refuge, Rubbia se sentit un peu lasse. Nous décidâmes d’attendre plus que de coutume avant de repartir pour la dernière fois de la saison.

Ce fut une semaine de tranquillité, nerveuse pourtant, car je ne savais quelle inquié-