Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/199

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Devant moi est la porte bien fermée qui donne sur la route. La moto prête pour notre voyage, se trouve à côté.

J’ouvre mécaniquement. Je tire la motocyclette dehors. Au Nord, la lune se lève. Une lueur filtre dans une vallée charmante où souvent nous fûmes rêver.

Huile et essence garnissent les réservoirs ; d’un coup de pédale violent je lance le moteur. Je m’assied sur la selle et j’embraye…

— Adieu, Rubbia !

J’ai à peine fait vingt mètres que derrière moi une sorte de sanglot emplit la nuit, un cri de douleur déchirante et surhumaine, le dernier témoignage d’un amour accompli.

 

Au rythme de l’échappement, le poil encore hérissé et l’âme emplie d’horreur, je fuis sur le chemin pâle. La lune éclaire ma route. Je crois sentir son regard maléficieux. Elle traîne aussi une sorte de chevelure rousse, un halo couleur de feu…

Mon moteur secoue l’air calme et répand ses hoquets brutaux dans la campagne en-