Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/65

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che, entrebaillée en haut, où la dilacération intérieure a distendu les tissus. Une goutte de sang filtre avec lenteur comme je contemple l’orifice par lequel une existence humaine s’abolit. Et dans une étrange émotion, lascive et sadique, je me retiens de prendre ce sang avec mes lèvres.

Je tâte autour de l’orifice et à mon toucher la chair baille légèrement, accusant un talus double de pulpe rosée, où sourd, par une infinité de points, un liquide noirâtre. Je regarde cela de si près que je sens distinctement l’odeur particulière, phosphorée et saline, du sang frais…

Soudain, comme je me relève, le cœur battant je ne sais pourquoi, je vois les yeux de la blessée qui s’ouvrent. Nous nous contemplons. Elle revient d’où ?… et que doivent dire mes regards lorsque je suis partagé entre des émois si étranges, où la sexualité et peut-être l’amour se mélangent à une pitié admiratrice, nuancée de joie confuse ?

La femme rousse a, en ce moment, des yeux extraordinaires, d’un bleu si tendre et