Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/107

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POESIES DES POETES DU DAUPIIINE IOI LA FORET DE SAPINS —*$+- Sur le sommet brumeux du mont inaccessible Que la main d'un Titan éleva vers les cieux, Que, depuis dix mille ans, la foudre prend pour cible Et qui dresse toujours son front audacieux, La forêt de sapins à la sombre verdure, Dont la cime s'agite ainsi que l'Océan, S'étend, semblable à la puissante chevelure Qui flotte sur l'épaule et le front d'un géant. Sous les bises du nord elle frissonne à peine, Invisible point noir qui brave l'infini, L'ouragan furieux épuise son haleine Sans pouvoir l'arracher à son sol de granit. Les siècles, en passant, la sillonnent de rides, Impassible, elle attend le choc des éléments, Et, du mont décharné couvrant les flancs arides, Au tonnerre répond par de longs sifflements. Sur le sol pas de fleurs, pas de nids dans les branches, Jamais l'oiseau chanteur n'égaya ce désert, Et le limpide œil bleu des rêveuses pervenches Sous ces tristes arceaux ne s'est jamais ouvert. La forêt, dans son sein, cache quelque mystère, Mystère impénétrable en l'ombre enseveli,