Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/181

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POÉSIES DES POETES DU DAUPHINÉ ,75 SUR LES COUVENTS —+#♦— A ma Sœur J... Tu le sais bien, ma sœur, en dépit de l'espace, Sur l'aile du désir je vais à toi souvent, Et souvent ma pensée, ainsi qu'un trait qui passe, Vole de ma cité jusques à ton couvent. Que de fois mon esprit à tes côtés pénètre, Et par affection devenant curieux, Comme un hôte invisible entré par la fenêtre, Se glisse en ton séjour calme et mystérieux ! Je te vois dans le parc, à l'église, à l'étude ; Je parcours, attentif et muet visiteur, Dans tous ses coins secrets ta chère solitude, Plein d'un tendre respect et d'un culte rêveur. Ah ! les couvents parfois font rêver les poètes, Les couvents où grandit loin des impurs mortels, Tout un peuple naissant de pudiques fillettes, Beaux lis, que Dieu cultive au pied de ses autels ; Les mystiques couvents où tant de douces âmes, Se parent de savoir comme de pureté Sous la main du Seigneur, sous l'œil de saintes femmes, Vierges par leur vertu, mères par leur bonté. Comme je les comprends, ô Racine, les larmes Que tu versais au seuil de ces asiles purs ! Ils touchent notre cœur par je ne sais quels charmes, Par tout un idéal enfermé dans leurs murs.