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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 6, 1892.djvu/189

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HYMNE À LA NUIT


Dis, n’es-tu pas la Muse, et n’es-tu pas l’amour ?…
G. M.


Ce soir, sur les sommets des lointaines collines
Parmi les voiles d’or de l’horizon vermeil,
A l’Occident baigné de flammes purpurines,
Dans un lit de splendeurs, s’est couché le soleil…

Les arbres des forêts, les roseaux et les plantes,
Saluant l’astre-roi d’un adieu triomphal,
Ont lentement courbé leurs têtes nonchalantes,
Comme des courtisans autour d’un dais royal…

Les brises ont mêlé les parfums de leurs urnes
Aux longs soupirs des bois ; les fleurs ont palpité,
Et d’extase ravis, dans leurs nids taciturnes,
Une dernière fois les oiseaux ont chanté…

Puis, par degré, ces voix d’amour ont fait silence…
Le calme universel sur la terre est tombé ;
Aux champs plus de rumeurs, et, dans le ciel immense,
Sur son trône d’argent, s’est assise Phœbé !…

Déesse des songeurs, ô nuit tiède et sereine !
Pâle sœur du soleil, mères des longs repos,
Sur ton char emporté par les Heures d’ébène,
Tu sèmes en ton vol tes bienfaisants pavots…