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première année. w i. 15 Centimes.’d e du 7 AIH4 OCTOBRE 1886.


LE SYMBOLISTE

JOLRNAL HEBDOMADAIRE PARAISSAIT LE JEUDI


GUSTAVE KAHN | JEAN MORÉAS | PAUL ADAM


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Étranger., un an. « 5 Fr.

Id. six mois 1 ht. 5O


SOMMAIRE

I. M. Jean Moréas : Chronique.

II. Avis de la Rédaction.

III. M. Plowert : Parenthèses et Incidences.

IV. M. Paul Adam : La Presse et le Symbolisme.

V. M. Jean Moréas : Réponse à M. A. France.

VI. M. Félix-Fénéon : Les Illuminations d’Arthur Rimbaud.

VII. M. Jean Ajalbert : Timbale milanaise.

VIII. M. Fhancis Poicievis : Seuls.


CHRONIQUE

Sous le poids de eiels aplanes, aux véhémentes clartés de lampadaires, monstrueuses et bigles les mai- sons bordent la rue. Au trot clopé de hongres et de ca- vales pies, les roue » des véhicules se tarrabalent çà, les piboles sonnent les sauts enluminés des bouffons, là, les bouches équivoques de glabres rnarmonneux. clament la vertu des babioles. En longue talare, cols tors, mentons pelus de deux coudées, ou squirreux, ou pouacres, des gentlemen. A sourires aboitifs, à toisons conquises, des femmes folles de leur corps aneyloglottes aux divans et mysourîdes par les plessis d’ombres, des femmes folles de leur corps ; des femmes folles de leur corps, en faille bardœuculées. Et, eautiuetnarres séculiers épris d’orbes amplûenrtes, bïelandiers aux phalanges expertes f scribes de maltalents pertufbësi traflqueurs de décrétâtes poli- tiques, agioteurs au trébuchât, clercs affineurs, nata- toires sires, lifrelot’res du canton de Vaud, tondeurs d’ânes, guérisseurs de fièvres quartes.sur l’heure* éeor- eheurs d’anguiUes par la queue, sous la clarté véhé- mente des lampadaires, parmi les bigles et monstrueuses architectures, aux morsures superflues de rnalîlornes Tentiez s’abvolent.v. »

— Mais, interrogea V^ndervetteinaittiss, de quel pays de fables voulez-vous parler ?

— Du boulevard des Italiens, tout simplement, —répon- dit T’ortunato.

— Mais votre peinture est fausse de tout point.

— Monsieur Yondexvotteimittiss » reprit Fortunato, Fobjectif n’est que pur semblant, qitapparence vaine qu’il dépend de moi de varier, de transmuer et d’a- néantir à mon gré,

Jean Moréas.

AVIS DE LA RÉDUCTION

Le Symboliste publie :

Des Articles de science gt de sociologie* de M. Chables Henr\,

Des Essais sur l’Art, de MM. Félix-Fénéon et Jouis I>ai— orgue,

Des Actualités, de M. Jean Ajalbert,

Un Courrier musical, de M. Gaston Dd- breujlh.

Des Chroniques, Nouvelles et Poèmes, de MM. Maurice Barrés, Edouard Dujardin, J.-K », Hoysmans^ Stéphane Mallarmé, Francis Pgictevin, PAUL Yerlaine, Charles VtamER et Tbodor de Wyzewa.


PARENTHÈSES & INCIDENCES

Les marchands de décadence. — A la suite de longues et réitérées controverses sur le Thé eftea Mi- ranêeti la discussion fut à nouveau engagée à propos des théories émisés par certains écrivains de la Revue Inde- pendante (1884-îfô} et de la Vogue, Or, de ces écrivains qui luttent dé|à depuis plusieurs années, peuvent être consultés les articles suivants i L’Esthétique sdentifi-^ que de Charles Henry, la Suggestion en Art de Charles Vîgnier {Remue Contemparainet année 1885) de Jean Moréas, deux articles sur le Symbolisme, l’un paru au XIJù— Siècle, en août£&, l’autre au Figaro, tout récem- ment ; de Gustave Kahn, un article paru ce mois-ei dans V Evénement ainsi que plusieurs notes bibliographi- ques publiées dans la Revue Indépendante, "par Félix Fénéon. Pour la première fois et définitivement ees arti- cles formulaient, en des agencements divers, les principes fondamentaux de l’évolution littéraire que ce journal doit affirmer ;

L’aitaire devenant bonne en librairie, les industriels Ordinaires de folioles de rive gauche bâclèrent des pla- cards et visitèrent les antichambres des rédactions. Ce fut une débagouiée de turlupins et de bas-bleus connus par des paquets d’imprimerie commerciale, auxquels vinrent s’adjoindre quelques bons naïfs et des jouvenceaux aisés. Le respect de nos convictions et notre" moralité littèrairel nous obligent à déclarer de nouveau que nous n’avons rien de commun avec ces marchands de décadence.

Les voûtes ob m. B « u. – Pour éviter les équivoques 1 suscitées dans la presse quotidienne par les « slucubratîons des rédacteurs familiers du Décadent, M. Gustave Kahn accepta en principe, sur la demande de M. Baju, d’entrer avec ses amis dans la rédaction de ce journal, à la condi- tion expresse que certains des collaborateurs ordinaires seraient exclus pour les motifs ci-fessus désignés. Le n" 25 du Décadent parut donc sons ces conditions M. Anatole Baju ayant cru pouvoir proposer à l’élabora- tîon du numéro suivant un retour des individualités évincées, les écrivains dé la Vogue se retirèrent. Parcon- séquent, le passé comme l’avenir de ce journal ne, nous concernent en rien.

6osTBMe » « UEs k.lust » èes. – De VUnivcrs illus- tré le reporter jappe v

Les décadents ont fait parler d’eux ces temps der- niers. Les aimables (?) jeunes hommes avaient délégué « le décadent Jean Moréas au Figaro pour y faire une « déclaration de principes.

« La littérature décadente s’appellera désormais te Symbolisme, et Vécote des décadents, école symboli- que. La presse laut entière a marché comme un seul homme le Symbolisme est grand et Sloréas est son prophète. (L’Univers illustré, numéro du 2 oc- tobre.)

Puis, après ces paroles saines et sagement devine- resses, le, tiérqme jutte de pornographie, le Thé chez Miranda et attribue un sonnet vaguement pervers à M. Moréas. 11 faut être à bout d’arguments pour user de ces façons non moins surannées que malhonnêtes. Notre homme. il est vrai » consume sa provision 4e pas » tilles du sérail en l’honneur de Paul de Rock, et il s’ex- tasie devant l’éternel amoureux aspergé par les liquides des vases nocturnes, ou heurté brusquement d’un volet qui s’ouvre. Est-ce bien supérieur à notre art, cela ?.00

Monsieur Au-Jours. M. Mermeix eut toujours pour la langue française une sollicitude liliale. Fortuitement ce Balterich apprend lés attentats dont elle fut, cette année, victime. Il s’émeut, et, devant le cadavre- de sa mère assassinée, fait fumer l’encens de ces phrases : « It faut recommencer à rouler chaque matin la pierre « qui retombe le soir. Le mois d’octobre voit revenir c pour nous le travail forcé quotidien. Adieu les belles « journées de farniente En sortant de mon engourdis- « sement d’été j’apprends. Puis il narre le crime, stigmatise deux des chefs de la bande, MM. Verlaine et Mallarmé (la France, numéro du 6 octobre). Tout cela sur le vu d’un tôlicbon journal pseudo-symboliste et trop réellement Décadent. Vraiment cet autre Dabru- jeaud sembleq uelque relaidatai re gaisetier dép&riemeirtal confiné dans sa bourgade et qui nxa pas lu les articles où la bénévotence du Fifjaro, de VÊtiènement, du Cri, du Temps, de la Justice, etc., lui fournissait le moyen de grimer d*u semblant d’érudition son ignorance »

Schiomachie limosine. Dans la République Française du 3 octobre, M. Gustave Isambert s’étonne que nous nous réclamions de Rabelais, Il écrit :

« Une fréquentation de trente ans avec Rahelais est cause du soubresaut sérieux que je ressentis de mon côte.

« lismej m’écriai-je.

« Et mon ami Ranc, doucement Peut-être dans le chapitra de l’Ecolier limousin. »

Si M. Isambert vil depuis trente ans dans ta fréquenta- tion de Rabelais, il est singulier qu’il n’ait pas encore constaté le caractère quidditativement symbolique de son œuvre.

« Où diable Rabelais a-t-il patronné le Symbo-

Quant au, style, l’immémoriale sciede l’Escholier li- mosin ne saurait rien prouver. Habelais, bonnement, se badelaurtaït là de ses propres procédés en les exagérant, jovial. Entre mille voici quelques obsolètes vocables de sa façon r otacuste, hyrein, astome, uranopète, zythe, périeharie, anagnoste, lucerne, flamivore, teuel, caté- gide, agélaste, furt, hypernéphéliste, acut, cranocolapte, - manigoule » eompactnre, spadonique, caprtmulgue, acamas.

Nous espérons retrouver bientôt ces mots dans le Voltaire sur la signature de M. A. Ranc.

Plowert.

La Presse et le Symbolisme

Ainsi que toutes les innovations artistiques devancières, la révélation formulée du Symbolisme fut prétexte aux injures et aux lourdes ironies des journalistes. La peur d’entreprendre un effort intellectuel, d’avoir à s’initier et h concevoir des idées non vulgaires les commotionna et en fit de loquaces ennemis. Seuls, MM. Sutter Laumann et Anatole France écrivirent. de plus raisonnables criti- ques. Nous y répondrons. Quant aux quelconques repor- ters dont la brutale ignorance se manifesta, nous nous garderons ici, jugeant leur langage pur défaut d’éducation, de tenir envers ces gavroches mal appris le rôle de gou- vernante anglaise.