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Lettre de l’autheur à un de ſes Amys.

que je me fuis vu cet hyver dans un aſſés grand loiſir, je l’ay paſſé tranquillement dans ma chambre à conſiderer de près ce qui ſ’eſt paſſé & ce qui ſe paſſe encore touts les jours dans le Canada parmy nos François, donnant touts les jours quelques heures à la lecture de trois ou quatre hiſtoriens qui ſe ſont trouvés dans mon cabinet, tels que ſont Leſcarbot avocat, Fr. Gabriel Sagard, Recollect, le Sr Samuel de Champlain, Capitaine de Roy & ier gouverneur du Canada, le P. Lecreux, jeſuitte[1]. J’ay trouvé ces autheurs ſi obſcurs que j’ay penſé que je rendrois quelque ſervice au public ſi je developpois ce qui ſ’eſt paſſé juques[2] à ce


    P. Le Tac, car si le véritable auteur était découvert, il pouvait répondre que lui aussi faisait profession d’affaires de guerre, de « sainte guerre ».

  1. C’étaient les seuls ouvrages sur l’histoire du Canada jusque-là publiés (celui du P. Du Creux [Creuxius] en latin). Notre historien, dont l’œuvre, si elle n’eût pas été mise sous le boisseau, eût vu le jour en même temps que l’ouvrage du P. Chrestien Le Clercq, Relation de la Gaspésie, etc., publiée en 1691, est antérieur d’environ trente ans au P. Charlevoix, dont l’Histoire parut en 1720.
  2. L’auteur écrit par tout son manuscrit : juques (jusques) et preque (presque). C’était ainsi qu’on prononçait de son temps, au moins dans la plupart des provinces du nord de la France. D’après Chifflet (cité par Littré, au mot jusque) « il était indifférent de prononcer ou de ne pas prononcer l’s