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Page:Le Talisman morceaux choisis 1832.djvu/54

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J’ai été heureuse aussi, — et la vie passait courte et légère ; tout était riant ; je n’avais pas été ébranlée par ces coups qui frappent de mort ! — J’étais heureuse ! — Mais l’avenir n’a plus de promesses quand le passé a été décevant. — Du bonheur ! où y en a-t-il ?

Oh ! si vous savez quelque chose qui froisse le cœur plus que l’oubli ! si vous savez ce qui le rend indifférent à ces blessures profondes dites-le, toutes les âmes fatiguées vous comprendront, car la mémoire est le pire de tous les maux quand on a tout perdu.

Tant de jours délicieux ! tant de joies ! Puis… rien ! — L’attendre sans agitation ! le revoir sans délire !

Qu’il vienne ! et qu’il me dise encore : Je t’aime… je te rends ma vie… Et moi, j’oublierai tout, je pardonnerai tout. Qu’il vienne ! et, s’il a encore pour moi des paroles de tendresse, je les croirai, et je le bénirai comme si je n’étais pas offensée.

Erreur ! illusion ! Qui pourrait combler l’abîme que le temps a mis entre nous ? Que puis-je contre lui ? Vous rappeler ces jours qui, pour vous, ne sont pins que songes importuns ? vous dire que je vous aimais ? Non, l’amour ne s’adresse qu’à l’amour, et le désaccord est blessant quand un cœur seul se souvient. Tous dire que je vous aime encore. Eh ! vous en douteriez !… Vous ne m’avez jamais comprise !

Il y a entre la passion et la tendresse une différence que les hommes ne sentent pas. — En eux, l’une ne suc-