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XXXII.

Mais dans la doctrine et dans la croïance de nos Deïchristicoles il y a quelque chose de plus ridicule et de plus absurde, car, outre ce qu’ils disent d’un Dieu qui en fait trois, ou de trois qui ne font qu’un, ce qui est déjà, comme j’ai remarqué, une absurdité assez grande, ils disent que ce Dieu triple et unique n’a ni corps, ni forme, ni figure aucune. Ils disent que la prémière personne de ce Dieu triple et unique, qu’ils apellent le Père, a engendré toute seule, par sa propre pensée et par sa propre connoissance, une seconde personne ; qu’ils apellent le Fils, et qui est tout semblable à son Père, étant comme lui, sans corps, sans forme et sans figure aucune, qui est ce qui fait que la prémière personne se nomme le père plutôt que la mère, et qui est ce qui fait que la seconde se nomme plutôt le fils que la fille ? Car si la prémière est véritablement père, plutôt que mère et si la seconde est véritablement fils, plutôt que fille, il faut nécessairement, qu’il y ait quelque chose dans l’un et dans l’autre de ces deux personnes, qui fasse que l’une soit père, plutôt que mère, et que l’autre soit plutôt fils, que fille. Or qu’est-ce qui feroit cela, si ce n’est qu’elles seroient tous deux mâles et non fémelles ? Mais comment seront-elles plutôt mâles que fémelles, puisqu’elles n’ont ni l’une, ni l’autre, ni corps, ni forme, ni figure aucune ? Cela n’est pas imaginable, cela se détruit de soi-même ; mais n’importe, ils disent et il leur plait de dire toujours