Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/46

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propres inclinations et leur propre Divinité ; mais nos Deïchristicoles, en reconnoissant de nom un seul Dieu, ils en admettent effectivement trois, auxquels cependant ils n’attribuent qu’une même nature, qu’une même puissance et qu’une même Divinité ; ce qui est certainement beaucoup plus absurde, que ce que disoient les Païens de la pluralité des Dieux.

Si ces mêmes Païens ont cru, qu’il y avoit des Déesses comme des Dieux, et que ces Dieux et ces Déesses se marioient ensemble, et qu’ils engendroient des enfans, ils ne pensoient en cela rien que de naturel, car ils ne s’imaginoient pas encore que les Dieux fussent sans corps et sans sentimens. Et croïant qu’ils avoient des corps et du sentiment, aussi bien que les hommes, il ne faut pas s’étonner, s’ils croïoient qu’il y eut des Dieux mâles et des Déesses femelles : car s’il y en avoit effectivement quelques uns, pourquoi n’y en auroit-il point de l’un et de l’autre sexe ? On ne voit point qu’il y ait plus de raison de nier, ou de reconnoitre plutôt l’un que l’autre, et suposant, comme faisoient les Païens, qu’il y avoit des Dieux et des Déesses, pourquoi ne se marieroient-ils pas ? Et pourquoi ne prendroient-ils pas leurs plaisirs ensemble, ces Dieux et ces Déesses, en engendrant des enfans, et cela en la manière que font les hommes ? Il n’y auroit certainement rien de ridicule, ni d’absurde dans cette doctrine et dans cette croïance des Païens, si le fondement de leur doctrine et de leur croïance étoit vrai, c’est-à-dire, s’il étoit vrai qu’il y eut effectivement des Dieux.