Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/65

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monde lui donnoit d’abord des louanges et que chacun étoit surpris d’entendre les paroles pleines de grâce, qui sortaient de sa bouche, cela néanmoins ne dura guères, puisque leur admiration changea bientôt, et un moment après, en mépris et en indignation, jusqu’à le vouloir chasser, comme j’ai dit, de leur Sinagogue et à vouloir le jetter en bas d’un précipice. La folie qui paroit dans ce discours, (sans parler de quelques autres sotises, qui choquoient sans doute plus particulièrement les Juifs, car il semble qu’ils n’auroient pas dû se choquer si fort contre lui pour celle que je veux raporter ici), consistoit en ce qu’il vouloit s’attribuer la gloire, de faire voir en lui l’accomplissement de toutes ces grandes et magnifiques promesses, qui avoient été faites dans la Loi, et dont les Prophètes avoient tant de fois si bien parlé et notamment le Prophète Isaïe, le témoignage duquel il rencontra à l’ouverture du livre qui lui fut présenté : car, aïant pris son texte du témoignage de ce Prophète,[1] qu’il trouva, comme je viens de dire, à l’ouverture du livre, il voulut persuader au peuple, que c’étoit en lui que toutes ces grandes et magnifiques promesses, que Dieu avoit faites à leurs Pères, s’alloient accomplir. En quoi paroit manifestement le déréglement de son imagination, puisqu’il s’imaginoit si vainement de pouvoir faire tant de si belles choses, dont il étoit si peu capable de faire voir aucun effet, et cela prouve en même tems, qu’il doit avoir dit dans son discours quelque chose de plus choquant

  1. Luc. 4. 17.