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malédiction aux riches et à ceux qui ont leurs plaisirs et leurs contentemens dans ce monde. La deuxième erreur de sa morale consiste en ce qu’elle condamne comme des vices et comme des crimes dignes des punitions éternelles, non seulement les oeuvres, mais aussi les pensées, les désirs et les affections de la chair qui sont les plus naturelles et qui sont les plus convenables et les plus nécessaires à la conservation et à la multiplication du genre humain : car elle les condamne absolument et les regarde comme des vices et comme des crimes, dignes des châtimens éternels, dans tous ceux et celles qui ne sont point légitimement conjoints ensemble selon ses loix et ses ordonnances ; ce qu’elle entend non seulement de l’union charnelle et effective du mâle et de la femelle, mais aussi de toutes autres actions et attouchemens lascifs et même de tous désirs, de toutes pensées, de toutes affections et de tous regards, qui tendroient volontairement à cette fin, toutes lesquelles affections ou désirs elle regarde, dis-je, comme des crimes dignes de punition éternelle, suivant cette maxime de leur Christ qui a dit, que[1] quiconque regarde une femme avec le dessein ou le désir de jouir d’elle, a déjà commis l’adultère dans son coeur, il est déjà coupable de ce crime — jam moechatus est eam in corde suo. De sorte que suivant cette maxime, la Religion Chrétienne, que je crois la plus pure et la plus sainte, regarde comme des péchés mortels, dignes des châtimens éternels de l’enfer, non seulement toutes les

  1. Math. 5 : 28.