Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/253

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ils pouroient partout, s’ils vouloient, se faire des jardins et des vergers agréables et utiles, où ils pouroient avoir toutes sortes de beaux et bons fruits en abondance ; ils pouroient partout soigneusement cultiver et ensemencer les terres, pour y faire ensuite d’abondantes récoltes de toutes sortes de grains ; enfin ils pouroient, s’ils vouloient, par cette manière de vivre en commun se procurer partout une abondance de tous biens, et se mettre par-là à couvert de toutes les misères et de toutes les incommodités de la pauvreté, ce qui les mettroit en état de pouvoir vivre tous heureux et contens, au lieu qu’en jouissant, comme ils font, tous séparément les uns les autres, des biens de la terre et des commodités de la vie, ils s’exposent et s’engagent, la plûpart d’eux, dans toutes sortes de maux, et de misères, étant impossible qu’il n’y ait une infinité de malheureux, tant que les biens de la terre seront si mal partagés et si mal gouvernés entre les hommes. C’est donc manifestement un abus, et même un très-grand abus aux hommes, de posséder séparément, comme ils font, les uns des autres, les biens et les commodités de la vie, et d’en jouir séparément, comme ils font, les uns des autres, puisqu’ils se privent par-là de tant de si grands biens et qu’ils s’exposent et s’engagent par-là dans tant de si grands maux et dans tant de si grandes misères.