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notre plaisir : sic volo, sic jubeo, stat pro ratione voluntas.

Les mêmes flateurs tâchent de leur persuader, qu’il y auroit du danger et de l’excès dans toutes ces réformes, que de sages mentors leur conseilleroient ; ils les prennent par leurs propres intérêts. Si vous mettez, leur disent-ils, les peuples dans l’abondance, ils ne travailleront plus, ils deviendront fiers et indociles et seront toujours prêts à se révolter ; il n’y a que la misère et la foiblesse qui les rend souples ; et ainsi, en voulant soulager les peuples, disent les flateurs des Rois, vous rabaissez la puissance roïale, et par-là vous faites aux peuples mêmes un tort irréparable, car ils ont besoin qu’on les tienne bas pour leur propre intérêt.

À tout cela le sage Mentor[1] répondoit : Eh quoi, ne peut-on soumettre un peuple sans faire mourir de faim ? Quelle inhumanité ? Quelle politique brutale ! Combien voïons-nous de peuples traités doucement, qui sont très-fidèles à leurs Princes ! Ce qui cause les Révoltes, c’est l’ambition et l’inquiétude des Grands d’un État, quand on leur donne trop de licence et qu’on a laissé leurs possessions s’étendre sans bornes, c’est la multitudes des grands et des petits, qui vivent dans la mollesse, dans le luxe et dans l’oisiveté ; c’est la trop grande abondance d’hommes adonnés à la guerre, qui ont négligé toutes les occupations utiles, qu’il faut prendre dans le tems de paix, enfin c’est le désespoir des peuples mal traités,

  1. Télémaque.