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son troupeau, ou comme un Père de sa famille ; il n’est pas tant fait pour commander impérieusement aux hommes, qu’il est fait pour les gouverner sagement. Enfin le Cardinal de Richelieu lui-même, tout flateur et idolâtre qu’il étoit de la grandeur de son Roi Louis XIII… n’a pu s’empêcher de reconnoitre, ni de dire dans ses Réflexions Politiques : qu’un Roi se rendoit grandement coupable envers son État, s’il n’avoit plus d’égard, en toutes ses actions, au bien commun, qu’au contentement de quelques Particuliers. Les bons Empereurs, dit-il, ont toujours préféré l’État à leurs pères et à leurs enfans, et il leur doit être en effèt de telle considération, qu’ils sont obligés de n’avoir aucun égard à leur volonté, lorsqu’ils désirent quelque chose à son préjudice. Le bien civil, qui est l’objèt des Princes, n’est autre que celui des peuples en général. Un Roi, dit-il, ne mérite pas de porter la couronne, s’il souffre impunément l’opression de ses sujèts, Dieu ne lui aïant confié la main de la justice, que pour le maintenir dans l’obéissance et le garantir d’outrages. C’est le propre des Particuliers d’avoir soin de leurs propres interêts, et la charge d’un Roi est de ne regarder rien que le bien public. L’opression du pauvre peuple, ajoute-t’-il, est un crime qui monte jusqu’au ciel, pour demander à Dieu vengeance des outrages qu’il reçoit ; il a, dit-il, cet avantage par dessus les riches et en échange des biens de la Fortune, que Dieu l’avoue à lui et en reçoit les particuliers pour autant de parties de son corps, de sorte que considérant les violences qui lui sont faites, comme si elles attaquoient sa Divinité, il ne veut pas qu’el-