Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/300

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lions rugissans qui cherchent la proie : ils sont toujours prêts à charger les peuples de tailles et d’impôts, toujours prêts à en établir de nouveaux et à augmenter les anciens, et aussi toujours prêts à allumer le feu de la guerre et par conséquent toujours prêts à répandre le sang et à ôter la vie aux hommes ; ils sont toujours prêts à désoler les villes et à ravager les campagnes ; et les Prêtres, qui sont les Ministres de la Religion, les aplaudissent dans leurs mauvais desseins, comme faisoient les faux Prophètes, dont je viens de parler. Ils consentent à leurs mauvaises volontés, et aprouvent toutes leurs injustes et violentes procédures, eux qui déclament, qui crient, et qui tonnent dans leurs chaires avec tant de véhemence contre les moindres vices et contre les moindres fautes des peuples, sont des chiens muets à l’égard des vices et des déréglemens abominables des Rois et des Princes de la terre ; ils enseignent même qu’ils sont tous établis de Dieu, qu’il faut leur obéir et leur être soumis en toutes choses, en conséquence de quoi ils disent et font accroire aux pauvres ignorans peuples, que ceux qui leur résistent, s’oposent à l’ordre de Dieu, et qu’ils s’attirent la damnation éternelle[1], qui potestati resistit, Dei ordinationi resistit, qui autem resistunt ipsi sibi damnationem acquirunt. Et comme s’il étoit fort important pour le bien et pour le salut des peuples, qu’ils eussent toujours des tirans pour les commander, ils font tous les jours des prières publiques pour leur conservation et pour la prospérité

  1. Rom. 13 : 2.