Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/353

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divin, ni entre l’existence de l’un et l’existence de l’autre : car, il est manifeste que nous avons une idée claire et distincte de l’être matériel et sensible : nous connoissons clairement son existence, sa nature et ses propriétés, sans connoitre aucunement ce prétendu Etre spirituel et divin même, sans penser aucunement à lui, et, par conséquent, sans en avoir aucune idée. Bien plus, posons le cas qu’il n’y ait aucun être spirituel et divin, nous ne laisserons pas d’avoir toujours une idée claire et distincte de l’être matériel et sensible et toutes choses ne laisseroient pas que de subsister dans leur être et dans leur forme le ciel et la terre et tout ce que nous y voïons ne laisseroient pas que de subsister, nous en aurions toujours une idée claire et distincte, comme je viens de dire, et nous en verrions toujours l’existence, comme nous la voïons, quand même il n’y auroit aucun être spirituel et divin. En un mot, la destruction ou la négation de Dieu n’emporte pas avec elle la destruction, ni la négation, de l’être matériel et sensible ; mais, au contraire, la destruction ou la negation de l’être matériel et sensible détruit en même tems l’idée de tout être sensible. Car posez le cas qu’il n’y eut aucun être matériel et sensible, vous détruisez en même tems le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment : car on voit clairement, que s’il n’yavoit point d’être matériel et sensible, qu’il ne pouroit y avoir de ciel, ni de terre, ni aucune chose de ce que nous y voïons, mais on ne voit pas de même, qu’il ne pouroit y avoir aucun être matériel et sensible, s’il n’y avoit point d’être spirituel et divin.