Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/71

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y avoit ou qu’il y auroit eu non seulement de la folie, mais aussi de la malice et de la méchanceté dans ses discours et dans ses prédications, en quoi il se rendoit non seulement méprisable, mais aussi digne de la haine des peuples. D’un côté il disoit qu’il était venu pour sauver les hommes, pour chercher et sauver tout ce qui étoit perdu ; qu’il étoit venu pour apeller et sauver les pécheurs ; qu’il ne demandoit point de sacrifices, mais qu’il vouloit seulement faire miséricorde ; qu’il étoit la lumière du monde ; qu’il étoit la voie et la vérité et la vie ; qu’il étoit un bon pasteur, et qu’il donnoit même sa vie pour le salut de ses brebis. Et d’un autre côté il disoit, qu’il étoit venu pour aveugler ceux qui voïoient clair ; qu’il ne falloit point penser[1], qu’il soit venu pour aporter la paix sur la terre, mais plutôt pour y allumer le feu de la guerre. Ne pensez pas, disoit-il lui-même, que je sois venu aporter la paix sur la terre, je n’y suis point venu pour aporter la paix, mais l’épée, car je suis venu, disoit-il, mettre la division entre le fils et le père, entre mère et la fille, entre la belle-mère et la belle-fille, et les domestiques d’un homme seront ses ennemis. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, disoit-il encore, n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi, et quiconque, ajoutoit-il, ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi[2]. Ne faut-il pas être fou et extravagant, pour faire de tels discours et de telles prédications, qui se contredisent et se détruisent entièrement les uns les autres.

  1. Matth. 10. 34.
  2. Matth. 10. 38.