Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/372

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sorte que, se flattant au milieu même de la mort, il se promet une certaine vie. Aucuns,” dit-il, « attribuent l’immortalité à l’âme ; d’autres disent qu’elle se transfigure, et il y en a qui pensent que les infernaux ont du sentiment, c’est pourquoi ils les révèrent, établissant et faisant un Dieu[1] de celui, qui ne s’est pu maintenir homme, comme si le sou»fie de l’homme, qui lui donne la vie, étoit différent »de celui des bêtes, ou qu’il n’y eut en cet univers » des choses, qui vivent beaucoup plus que l’homme,

»auxquels néanmoins on n’attribue pas un seul point »d’immortalité. Mais montrez-moi," dit-il, »un corps, »quisuive la matière de l’âme ; où est sa pensée ? »Où est sa vie ? Où est son ouïe ? Que fait-il ? à quoi »s’emploie-t’-il ? Ou n’aïantrien de tout cela quel »bien peut avoir l’âme ? Voir,mais," dit-il,»où va»t’ -elle ? 0 que dès que le monde est monde il y Elles seroientépaisses comme om»auroit d’ames »bres. Et pas ainsi, continue-t’-il, toutes ces choses »ne sont que rêveries de petits enfans et inventions hommes, qui ne voudroient jamais défaillir. Par » des »quoi c’est grande folie de garder les corps sous une »espérance de résurrection, ainsi que promet Démo»crite, lequel n’est encore ressuscité lui-même. Mais »quelle folieseroit-ce de penser que par la mort on »puisse entrer en une seconde vie ? Et quel repos pouroient avoir tous les us[2] aïant les sens de leurs âmes en haut et leurs ombres en enfer ? Certaine»ment,” dit-il, « c’est apas de paroles ; et la folle

  1. Pline, L. 7. Ch. 54.
  2. (?)