Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/41

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de ce qu’ils prétendent signifier par ces termes de nature, de beauté, de bonté, de sagesse, de puissance et de félicité, qu’ils attribuent à leur Dien. Ainsi quand ils disent, qu’il est d’une nature infiniment parfaite, qu’il est infiniment beau, infiniment bon, infiniment sage, infiniment puissant et infiniment bienheureux, ils ne savent véritablement pas ce qu’ils disent parce qu’ils ne savent véritablement pas ce que c’est, qu’une nature qui est sans corps et sans forme et sans étendue aucune ; ils ne savent ce que c’est d’une beauté qui n’a ni couleur, ni figure ; ils ne savent ce que c’est d’une sagesse qui est sans cervelle, ni d’une force et d’une puissance qui ne se peut mouvoir ; ils ne savent ce que c’est de voir sans yeux, d’entendre sans oreilles, ni de goûter sans langue, enfin ils ne savent ce que c’est d’être heureux sans plaisir et sans joie, ainsi lorsque nos Déicoles dépouillent leur Dieu de toute forme corporelle et de toutes qualités ou perfections sensibles, ils détruisent sa nature et anéantissent toutes ses prétendues infinies perfections.

Voilà comme ils s’abusent et qu’ils s’égarent dans la vanité de leurs pensées et que, croïant devenir sages, ils deviennent insensés, je dis insensés, parceque, de même que ce seroit une grande folie d’attribuer la Divinité à des choses inanimées ou à des animaux irraisonnables, ou à des hommes foibles et mortels, comme faisoient autrefois les Païens, c’est aussi une grande folie de l’attribuer, comme font maintenant nos Déicoles, à un être imaginaire, qui n’a ni corps, ni forme et qui se laisse dépouiller, comme on veut, de toutes qualités et de toutes perfections réelles et sen-