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VII
PRÉFACE

mune est sacrifiée à leurs ressentiments. Dans les Loups, où est peinte la Révolution, aux armées, — dans le Triomphe de la Raison, où elle traverse les provinces, à la chasse des Girondins proscrits, elle se dévore elle-même. J’aurais voulu donner, dans l’ensemble de cette œuvre, comme le spectacle d’une convulsion de la nature, d’une tempête sociale, depuis l’instant où les premières vagues se soulèvent du fond de l’océan, jusqu’au moment où elles semblent de nouveau y rentrer, et où le calme retombe lentement sur la mer.

Pour diverses raisons, j’ai dû interrompre l’œuvre. En attendant que les circonstances me permettent de la reprendre, je crois pouvoir présenter au public ces drames isolés. Mon effort, en les écrivant, a été de dégager autant que possible l’action de toute intrigue romanesque qui l’encombre et la rapetisse. J’ai cherché à mettre en pleine lumière les grands intérêts politiques et sociaux, pour lesquels l’humanité lutte depuis un siècle. Napoléon a dit à Gœthe : « La politique, voilà la moderne fatalité ». — La politique est aussi la vraie tragédie de notre temps. Il se joue dans le monde actuel de grandes tragi-comédies. C’est le devoir de l’art de tâcher de s’élever jusqu’à elles, s’il ne veut disparaître. Il doit reprendre pour son compte les paroles de Schiller, à la représentation du Camp de Wallenstein, le 12 octobre 1798 :

« L’ère nouvelle qui s’ouvre devant nous enhardit le