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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

glisser comme des singes sur le mur qui touche au corps de garde. On n’y faisait pas attention. Ils sont arrivés à la porte, ils ont brisé les chaînes du pont ; le pont est tombé tout d’une masse, au milieu de cette foule, en écrasant une dizaine. Ç’a été un torrent. Ils se sont tous rués dessus. Écoutez-les hurler ! — Ah ! les canailles !

Dans le tumulte des soldats et des officiers qui s’agitent au premier plan, on n’a pas aperçu d’abord un groupe de Suisses, au fond, près de la porte, avec une prisonnière,
LES SUISSES, amenant la Contat.

Nous avons toujours fait une belle prise.

VINTIMILLE, saluant.

Eh ! mais, c’est vous, Contat ?… Fidèle au rendez-vous ! — Un casque d’argent sur vos cheveux blonds, un fusil à la main, vous semblez la déesse Liberté elle-même ! — Vous êtes donc venue voir, curieuse ? Vous serez mieux ici, pour tout regarder sans risques. — Il lui tend la main ; elle hésite à la prendre. Vous ne me donnez pas la main ? Nous étions bons amis, il n’y a pas si longtemps. Ne le sommes-nous pas encore ? — Elle se décide à lui donner la main. Eh bien, qu’avez-vous donc ? Vous me fixez avec vos grands yeux, vous avez l’air interdite, vous ne dites mot. Vous avez eu peur ?

LA CONTAT.

Pardon, je vous demande pardon… Mais je ne sais plus où j’en suis en ce moment, si je dois vous regarder comme ami, ou comme ennemi.

VINTIMILLE.

Comme ennemi ? pourquoi donc ? — Quoi ? tout de bon, vous nous combattiez ?

LA CONTAT.

Vous savez, je ne suis pas faite pour être spectatrice, je joue toujours les premiers rôles.

Elle montre son fusil, qu’un Invalide lui enlève, sur un signe de Vintimille.