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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

VINTIMILLE.

Mais, Contat, vous avez du bon sens pourtant, vous n’agissez pas sans savoir ce que vous faites ?

LA CONTAT.

Non, ce n’est pas sans raison ; mais je ne puis plus dire quelle raison, en ce moment. Tout à l’heure, cela était si net et si fort !… Voyez-vous, les sentiments de ce peuple résonnent en moi, comme un tonnerre. À présent que je suis séparée de lui, je ne sais plus, je ne sais plus…

VINTIMILLE.

Vous étiez folle, simplement. Convenez-en.

LA CONTAT.

Non, non, je suis sûre qu’ils ont raison.

VINTIMILLE.

Raison de se révolter contre le Roi, de tuer de braves gens, et de se faire tuer pour rien ?

LA CONTAT.

Ce n’est pas pour rien.

VINTIMILLE.

Oh ! je le pense bien ! c’est pour les écus de M. d’Orléans.

LA CONTAT.

Mon cher, vous n’avez pas changé depuis le temps que je vous connais : vous cherchez toujours de petits motifs aux choses.

VINTIMILLE.

Je n’appelle pas l’argent un si petit motif pour des gueux qui n’ont rien. En savez-vous de plus fort ?

LA CONTAT.

La Liberté.

VINTIMILLE.

Qu’est-ce que cela ?