Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

CAMILLE.

À la mort ? non, non, je n’aime pas cela. Fi ! cela sent mauvais !

HÉRAULT.

Tu n’as jamais pensé comme cela fait mal de mourir ?

LUCILE.

Quelle horreur ! Voilà une conversation !

HÉRAULT.

Tu es un bon, un cher, un aimable enfant, et pourtant tu es cruel, cruel comme un enfant.

CAMILLE, ému.

Tu crois, vraiment, je suis cruel ?

LUCILE.

Voilà-t-il pas qu’il a les larmes aux yeux maintenant !

CAMILLE, ému.

C’est vrai, il a souffert, cet homme. La sueur de l’agonie, le cœur contracté d’épouvante, attendant l’écrasement de la vie… oh ! ce doit être une douleur horrible ! Si méprisable qu’il soit, il a souffert comme s’il était honnête, peut-être plus. Pauvre Hébert !

LUCILE, les bras autour du cou de Camille.

Mon pauvre Bouli-Boula, tu ne vas pas te désoler pour la mort d’un coquin qui voulait te couper le cou ?

CAMILLE, avec colère.

Oui. Aussi, pourquoi m’attaque-t-on avec cette indignité ? Si quis atrâ dente me petiverit, inultus ut flebo puer !

LUCILE, à Hérault.

Et vous, osez dire encore que mon Camille est cruel !

HÉRAULT.

Mais certainement que j’ose. Ce cher garçon ! C’est peut-être le plus cruel de nous tous.