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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

ler des flots de sang humain. Si nos fleuves aussi sont souillés, où laverons-nous nos fleuves, où laverons-nous nos mains ? Assez de morts ! Fécondons la République. Que les moissons et les hommes surgissent de la patrie rajeunie ! Faisons l’amour, et cultivons nos champs.

CAMILLE.

Qu’un Dieu nous donne ces loisirs, ô Danton ! C’est sur toi que nous comptons.

DANTON.

Que voulez-vous, enfants ?

PHILIPPEAUX.

Que tu nous aides à lutter !

DANTON.

Qu’avez-vous besoin de moi ? Dois-je toujours tout faire ? Vous êtes tous de même. Voilà Westermann. C’est pourtant un homme, celui-là ! Il a fait la guerre, il a sauvé trois ou quatre fois la patrie ; avant de s’asseoir à table, il vous coupe la gorge à un homme pour se mettre en appétit. Et il faut que je l’aide aussi ! Faudra-t-il que je monte à cheval et que je sabre à sa place ?

WESTERMANN.

S’il s’agit de se battre, je ne cède ma place à personne. Mène-moi dans une plaine ; montre-moi une foule à balayer, et tu verras si je m’en acquitte. Mais parler, répondre aux phraseurs de la Convention, déjouer les sales machinations des crapules du Comité qui travaillent à ma ruine, je ne sais pas. Je me sens perdu dans cette ville : ils sont une meute à me mordre au derrière, et il m’est interdit de bouger ; il faut que je supporte tout, sans rien faire pour me défendre. Me laisserez-vous dévorer, sans venir à mon secours ? Mille tonnerres ! J’ai combattu pour vous autrefois, j’ai les mêmes ennemis. Ma cause est aussi la vôtre, — la tienne, Danton. — la tienne, Philippeaux, tu le sais bien, toi !