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DANTON
Pourrons-nous transformer l’humanité ? Ferons-nous régner notre rêve ?
SAINT-JUST.
Le jour où je me serai convaincu qu’il est impossible de l’accomplir, je me poignarderai.
ÉLÉONORE, ouvrant la porte. Doucement.
Voici Billaud-Varenne et Vadier.
Scène V
ROBESPIERRE, SAINT-JUST, BILLAUD-VARENNE, VADIER
Billaud-Varenne, tête baissée, sombre, l’air écrasé de fatigue, les yeux un peu hagards. Vadier, lèvres pincées, ricaneur, amer[1]. — Robespierre et Saint-Just se lèvent très froidement. Ils se saluent de la tête, d’un petit signe bref et sec, sans se donner la main.
BILLAUD-VARENNE.
Salut et fraternité.
VADIER, voyant Saint-Just.
Saint-Just… Allons, ça ira. Nous rattraperons le temps perdu.
Billaud et Vadier s’asseyent sans façon. Saint-Just se promène. Robespierre reste debout, appuyé contre la fenêtre. — Après un silence :
BILLAUD.
La guillotine ! Tu as trop attendu, Robespierre : nous sommes en danger. Si Danton existe encore demain, la liberté est perdue.
ROBESPIERRE.
Quelles nouvelles ?
- ↑ Vadier parle avec un accent méridional très marqué. Il prononce les b comme des v, les ou comme des u, les j comme des z, et les e comme des é. On n’a pas cru devoir l’indiquer dans le texte. C’est à l’acteur, ou au lecteur, d’y suppléer.