Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ACTE PREMIER


Dimanche 12 juillet 1789, vers dix heures du matin. — Le jardin du Palais-Royal, vu du café de Foy. — Au fond, le « Cirque »[1]. À droite, un bassin aux eaux jaillissantes. Entre le Cirque et les galeries du Palais, une allée d’arbres. — Les marchands sont embusqués à la porte de leurs boutiques, décorées d’enseignes patriotiques : Au Grand Necker ; À l’Assemblée Nationale. — Des filles, poitrine nue, épaules nues, et bras nus, empanachées d’énormes bouquets de fleurs, se promènent au milieu de la foule, d’un air provocant. — Des colporteurs crient des journaux. — Des teneurs de tripots circulent en robe de chambre, escortés d’hommes armés de gourdins. — Des « banquiers » en plein vent se glissent parmi les groupes, avec des tabourets-pliants sous le bras, s’installent un instant, déploient un jeu qui se plie comme une carte, sortent des sacs d’argent, s’esquivent brusquement, et passent. — Foule remuante et inquiète, incertaine de ses mouvements, qui s’assied devant les cafés, se lève, court au moindre bruit, monte sur les chaises et sur les tables, va, revient sur ses pas, augmente peu à peu, jusqu’à la fin de l’acte, où les galeries et le jardin regorgent de telle sorte que beaucoup montent aux arbres, se suspendent aux branches. Toutes les classes mêlées : — gueux faméliques, travailleurs, bourgeois, aristocrates, soldats, prêtres, femmes, enfants, dont quelques-uns continuent leurs jeux entre les jambes des promeneurs.

MARCHANDS DE JOURNAUX.

Grand complot découvert !… La famine ! V’là la famine ! L’arrivée des égorgeurs !

LA FOULE, les appelant.

Psst !… Par ici !

UN HOMME DU PEUPLE, anxieusement, à un bourgeois qui lit.

Eh bien ?

  1. C’était une enceinte couronnée d’une terrasse, et revêtue de treillages, qui formait alors comme un bosquet fleuri, au milieu du jardin.