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DANTON

DANTON, riant.

La Liberté conspire contre la Liberté ! Danton conspire contre Danton ! — Scélérats !… Regardez-moi en face. La Liberté, elle est ici ! Il prend sa tête entre ses mains. Elle est dans ce masque pétri par sa sauvage empreinte ; elle est dans ces yeux incendiés par ses flammes volcaniques ; elle est dans cette voix, dont les mugissements font trembler les palais des tyrans jusque dans leurs fondements. Prenez ma tête, clouez-la au bouclier de la République. Elle fera encore, comme Méduse, tomber morts d’effroi les ennemis de la Liberté[P 1].

LE PRÉSIDENT.

Je ne vous demande point voire éloge, mais votre défense.

DANTON.

Un homme comme moi ne se défend pas : mes actions parlent d’elles-mêmes. Je n’ai rien à défendre, rien à expliquer. Il n’y a rien de caché dans ma vie. Je ne m’entoure point de mystères, pour forniquer avec une vieille femme, comme Robespierre[P 2]. Ma porte est grande ouverte, il n’y a point de rideaux à mon lit ; la France entière sait quand je bois et quand je fais l’amour. Je suis peuple : mes vices et mes vertus appartiennent au peuple ; je ne lui voile rien. Je me montre au monde, le ventre nu[P 3].

LE PRÉSIDENT.

Danton, ce langage impudent outrage la justice. L’ignominie de vos expressions montre la bassesse de votre âme. La modération est le propre de l’innocence, et l’audace celui du crime.


LE PEUPLE.
  1. Applaudissements.
  2. Rires.

    Une femme, furieuse. — Il blasphème !

  3. David. — La Sardanapale ! Regardez-le vomir !