la corruption, et vous êtes corrompus. — Huées du peuple. Vous protestez ? Si l’aristocratie vous offrait de l’or et de la ripaille, osez me jurer que vous ne deviendriez pas tous des aristocrates !… Vous ne m’imposerez pas silence. Vous entendrez la vérité. Vous êtes trop habitués aux flatteurs qui vous courtisent et vous trahissent. Vous êtes vains, vaniteux, frivoles ; vous n’avez ni force, ni caractère, ni vertu. Toute votre vigueur se dépense en discours. Vous êtes mous, incertains, sans volonté ; vous tremblez devant le bout d’un fusil…
Assez ! Assez !
Vous criez : Assez ! Et je le crie avec vous, je le crie plus fort que vous : Assez de vices, assez de sottises, assez de lâchetés ! Recueillez-vous, surveillez-vous, épurez-vous, retrempez vos âmes, ceignez nos reins ! — Ô mes concitoyens, je vous dis vos vérités un peu durement ; mais c’est que je vous aime !
Regardez ! Il pleure maintenant.
On vous donne de l’opium. Moi, je verse de l’eau-forte dans vos blessures, et j’en verserai jusqu’à ce que vous ayez repris conscience de vos droits et de vos devoirs, jusqu’à ce que vous soyez libres, jusqu’à ce que vous soyez heureux. Oui, en dépit de votre légèreté, vous serez heureux, vous serez heureux, ou je ne serai plus !
Ses joues ruissellent de larmes. Ah ! qu’il est drôle !
Voilà un ami du peuple ! Vive Marat !