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LE 14 JUILLET

JULIE.

Oui, je veux aussi…

Le reste de sa phrase se perd dans un balbutiement.
MARAT.

Qu’est-ce que tu veux ?

JULIE, relevant la tête et parlant avec une conviction qui fait sourire.

La liberté.

MARAT.

Pour quoi faire ?

JULIE.

Pour la donner.

MARAT.

À qui ?

JULIE.

Aux malheureux qui sont enfermés.

MARAT.

Où donc ?

JULIE.

Là-bas, dans la grande prison. Ceux qui sont seuls toujours, que tout le monde oublie.

La foule a changé d’attitude. Elle est devenue sérieuse, brusquement ; quelques-uns froncent le sourcil ; ils ne se regardent pas entre eux ; ils ont les yeux fixés à terre, se semblent parler seuls.
MARAT.

D’où sais-tu cela, petite ?

JULIE.

Je sais… On me l’a dit… J’y pense souvent, la nuit.

MARAT, lui caressant la tête.

Il faut dormir, la nuit.

JULIE, après un silence de quelques instants, prend avec vivacité la main de Marat.

Nous les délivrerons, n’est-ce pas ?