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LE 14 JUILLET

LA CONTAT.

On baigne une comtesse ?

LA FOULE.

Elle a injurié le peuple ; on la trempe dans le bassin.

LA CONTAT, au bras de Desmoulins, riant.

Courons vite ! Dieu ! que c’est amusant !

DESMOULINS.

Le premier spectacle de l’Europe !

LA CONTAT.

Insolent !… Et la Comédie !

Ils sortent en riant. Le peuple court au dehors. Marat et Hulin restent seuls au premier plan, l’un debout, l’autre assis à une table de café. — Une foule compacte occupe le fond de la scène, quelques-uns debout sur des chaises, regardant ce qui se passe dans le jardin. Des promeneurs continuent de circuler sous les galeries, au second plan.
MARAT, montrant le poing à la foule.

Histrions ! — Ce n’est pas la liberté qu’ils cherchent, c’est la comédie ! Dans un jour où leur vie à tous est en jeu, ils ne pensent qu’à se donner en spectacle les uns aux autres. J’ai assez de ce peuple. Ses soulèvements ne sont qu’un tissu de pantalonnades. Je ne veux plus les voir. Ah ! vivre enfermé dans une cave, muré aux bruits du dehors, afin que la bassesse du monde n’arrive plus jusqu’à moi !

Il s’assied, la tête dans ses mains.
HULIN, tranquillement assis, et fumant, regarde Marat avec un flegme ironique.

Allons, monsieur Marat, ne vous découragez pas. Cela n’en vaut pas la peine. Ce sont de grands enfants qui jouent. Vous les connaissez comme moi : il n’y a rien de sérieux dans tout cela. Pourquoi le prendre au tragique ?

MARAT, relevant la tête, et le fixant durement.

Qui es-tu, toi ?

HULIN.

Je suis de votre pays, de Neuchâtel en Suisse. Vous ne