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LE 14 JUILLET

jour. — Voilà mon étoile, Hulin ! La vie m’est dure ; et elle me le sera toujours, je le sens bien. Je ne suis pas de ceux qui naissent avec la chance. N’importe ! Je ne mets pas ma confiance dans les étoiles filantes. Tout mon recours est en moi. Cela suffit. Le mal peut se déchaîner ; les victoires de l’injustice, les crimes de la force ne me trouveront pas, car la lumière est là, — il montre sa poitrine, et dans le cœur de mes frères, malheureux comme moi. Rien ne l’éteindra ; elle conquiert le monde, et ne se hâte point, ayant l’éternité. Je ne suis pas impatient. La victoire vient. — Tu as peur de l’orage ? C’est au milieu des tempêtes qu’éclate le feu du ciel. Gronde donc, tonnerre ! Brûle la nuit, Vérité !

HULIN.

Je ne crains pas l’orage. Tout ce que je t’ai dit, camarade, ne me rend pas plus timide. Je n’ai pas peur pour ma peau. Mais je n’y vois goutte. Si tu as de meilleurs yeux montre-moi le chemin. Partout où il y aura des coups de poing à donner, tu peux être sûr que je les donnerai juste et bien. Conduis-moi. Que faut-il faire ?

HOCHE.

Point de plan d’avance. Surveille l’événement ; et quand il sera là, empoigne sa crinière, et monte sur son dos. — En attendant, faire ce qu’on fait. … Vendons nos gilets.

La foule fait de nouveau irruption sur le théâtre, en s’annonçant par des rires et des cris. Un gamin de cinq à six ans est porté sur les épaules d’un grand diable de crocheteur. La Contat, Desmoulins, et la foule, les suivent en riant.
L’ENFANT, criant d’une voix aiguë.

À bas les aristos, aristocrocs, aristocrânes, aristocruches, les aristocrossés !

HULIN.

À quoi jouent-ils maintenant ? — Ah ! c’est leur grand passe-temps. Ils jugent les aristocrates.

LE CROCHETEUR.

Attention, la voix du Peuple ! À quoi condamnons-nous…