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LE 14 JUILLET

HOCHE, souriant.

Elle me rappelle ma vieille tante. Elle parlait toujours de patience, au moment où elle allait me calotter.

HULIN.

Ce qu’elle dit me semble fort raisonnable.

HOCHE.

Je ne demanderais pas mieux que d’y croire ; je trouve si naturel que la raison remporte, que, si je m’écoutais, je m’en remettrais à mes ennemis mêmes de la faire triompher. Mais j’ai été trop de fois désabusé par l’expérience ; j’ouvre les yeux, et je vois Gonchon et ses commis, qui s’empressent à fermer leurs boutiques. Ils ne font rien sans motif. J’ai grand peur que ce brusque apaisement ne soit que l’accalmie qui précède l’orage. Personne n’y croit au fond. Ils sont tous restés, même la vieille. Ils essaient de se faire illusion : mais ils ne peuvent pas. Ils ont la fièvre. Écoute ce bruit de foule. Elle ne crie plus, elle chuchote… Un frémissement d’arbre… Le petit vent avant la pluie… — Il saisit la main de Hulin. Et tiens !… Attention ! Hulin… Voici ! Voici !…

Une clameur confuse monte du fond du jardin, et éclate comme le tonnerre.
UN HOMME, hors d’haleine, sans chapeau, les vêtements en désordre, se précipite sur la scène, en criant d’une voix terrifiée.

Necker est exilé !

LA FOULE, saisie, se ruant sur l’homme.

Quoi ? quoi ?… Necker !… Ce n’est pas vrai !

L’HOMME, criant.

Necker est banni ! Il est parti, parti !

LA FOULE, hurle.

À mort ! — C’est un agent de Versailles ! À mort !

L’HOMME, épouvanté, se débattant.

Que faites-vous ? — Mais vous n’avez pas compris ! — Je vous dis que Necker…