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LE 14 JUILLET

HULIN, sautant sur l’homme qui crie, et lui assénant, sur la tête un coup de poing qui le fait taire, suffoqué.

Mille Dieux ! — Continuez !

Robespierre essaie de continuer ; mais sa voix s’étrangle et se perd, au milieu du tumulte de la foule.
Hoche s’élance sur la table à côté de Robespierre, qu’il domine de sa haute taille, lui arrache le papier, et lit, d’une voix ardente, dont les accents remuent aussitôt la foule.
HOCHE.

« La nation est souveraine, le gouvernement est son ouvrage…

« Quand le gouvernement viole les droits de la nation, l’insurrection de la nation est le plus saint des devoirs…

« Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter les progrès de la liberté, doivent être poursuivis par tous, non comme des ennemis ordinaires, mais comme des esclaves révoltés contre le Souverain de la terre, qui est le Genre Humain. »

Au milieu des acclamations, Desmoulins, les cheveux au vent, les yeux exaltés, saute sur la table d’où descend Hoche.
DESMOULINS.

Liberté ! Liberté !… Elle plane au-dessus de nos têtes. Elle m’emporte dans sa tempête sacrée. À la victoire ! Marchons dans le vent de ses ailes ! Le temps de la servitude passe… il est passé. Debout ! Retournons la foudre contre les misérables qui l’ont armée ! — Au Roi ! La foule crie : « Au roi ! » — Regardez-moi, espions, qui êtes ici cachés ! C’est moi. Camille Desmoulins, qui appelle Paris à la révolte ! Je ne crains rien : quoi qu’il arrive, on ne me prendra pas vivant. Il montre un pistolet qu’il a sorti de sa poitrine. Le seul malheur serait de voir la France redevenir esclave. Nous ne le verrons point. Elle sera libre avec nous, ou mourra avec nous. Oui, comme Virginius, nous la poignarderons de nos mains, plutôt que de la laisser violer par les tyrans… Frères, nous serons libres ! Nous le sommes déjà ! Aux Bastilles de pierre opposons la muraille de nos poitrines, forteresse inexpugnable de la Liberté ! — Regardez ! Le ciel s’ouvre, les dieux sont pour nous. Le soleil déchire les