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DEVANT UN PORTRAIT
DE THÉOPHILE GAUTIER


I


Octobre 1873.



Il cisèle un camée, il caresse un émail ;
Vous croyez qu’il écrit ? Il peint, il sculpte, il grave.
Pour vaincre sa pensée il ne sait pas d’entrave
À toute strophe ailée il jette son tramail.

Capitaine Fracasse, il montrait son plumail
Avec les airs cassants du galant et du brave ;
Mais l’art bientôt l’a pris et l’a fait fort et grave :
Son livre est immortel, d’or en est le fermail.

Comme on voit les rosiers aux branches remontantes
Sourire aux vendangeurs par leurs fleurs éclatantes,
Sa muse est toujours jeune et chante en souriant.

Comme on voit dans les cieux l’Aurore aux lèvres roses
De son divin baiser réveiller l’Orient,
Ses doigts sous le travail font refleurir les roses.