Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/109

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MENALQUE.


Autant vaut comparer le myrte à la fougère,
La rose sur sa tige au lichen sur sa pierre.
Mais nous voilà dans l’antre, halte-là ! Commençons.


MOPSUS.


Nymphes, pleurez ! pleurez, chênes! pleurez, buissons !
Hélas ! Daphnis est mort dans la fleur des années.
Vénus invoque en vain ses rudes destinées,
Et se penche en pleurant sur le corps de son fils,
L’écho répète au loin : Daphnis ! pauvre Daphnis !
La campagne à Daphnis rend les honneurs funèbres ;
Le fleuve et le ruisseau se couvrent de ténèbres ;
Les bœufs ont oublié l’eau pure et le gazon ;
Tout languit et se perd dans ce morne horizon.
L’écho raconte au bois des choses lamentables ;
Les lions ont versé des larmes formidables.
Le tigre obéissant s’attelait à son char ;
Il apprit de Bacchus à parer avec art
Le thyrse entremêlé de pampres et de lierre.
Autant la vigne à l’orme est charmante et légère,
Autant Daphnis plaisait au sillon enchanté.
Notre soleil d’hiver, la paix de notre été,
Lui mort, ils sont partis les dieux de nos campagnes.
Palès appelle au loin ses fidèles compagnes.