Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


On aurait dit que ta paupière
Redoutait nos tristes réveils !
Il faut de plus ardents soleils
À ces amants de la lumière !

Même aux regards de l’amitié,
Tu simulais l’indifférence,
Pour mieux voiler une souffirance
Qui se dérobe à la pitié.

La mort a fini cette guerre
Où l’athlète que rien n’abat
Se livre à soi-même un combat
Qui reste ignoré du vulgaire.

Retourne à l’immense inconnu !
Prends dans tes étreintes puissantes
Les figures éblouissantes
Dont ton rêve s’est souvenu !

Chercheur de plages chimériques,
De mer en mer toujours trompé,
À nos mensonges échappé,
Vole aux divines Amériques !

Laisse-nous les pâles décors,
Les teints flétris, les molles danses ;
Les âmes ont des confidences
Plus merveilleuses que le corps !