Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/160

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Hier, il a, dans sa retraite
Effondrée à bien des endroits,
Amené la vierge parfaite
Dont le henné rougit les doigts.

Et l’on a fait parler la poudre
Dans le long cortège éclatant
Qui galopait comme la foudre
Pour s’arrêter net à l’instant.

Là, celui qui des beaux costumes
Et du grand soleil eut l’amour,
Le poëte, mort dans nos brumes,
Veut reprendre une place au jour,

Dans le premier baiser du maître
Et de réponse, il s’est glissé,
Pour être le fruit qui doit naître
Où la fleur d’amour a poussé.

Il sera beau comme son père,
Et ses cavaliers le craindront,
Comme un lion dans son repaire.
En lui voyant plisser le front.

Il sera fastueux et digne.
Aimant la guerre et le ciel bleu ;
Il n’écrira pas une ligne,
Et ne saura lire qu’un peu.