Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Si bien qu’ayant dépeint les choses
Dont le contour fixe les yeux,
Il voulut des métamorphoses
Demander le secret aux Dieux.

Il voulut dans la forêt sombre
Où le vieux Dante s’égarait
Entrer, et questionnant l’ombre,
Apprendre ton rêve, ô forêt !

Curieux, il voulut entendre,
Quand ils chantent seuls, les oiseaux,
Et, sous l’azur changeant, surprendre
La vie errante au fond des eaux ;

Il entra dans la solitude
Qui ne dérangea même pas
Sa mystérieuse attitude
Au bruit reconnu de son pas.

L’arbre dit au chevreuil farouche :
« Tu peux rester : c’est un ami... »
La dryade, un doigt sur la bouche.
Lui montra le faune endormi.

Il vit la nature chez elle.
Il fut attentif à ces bruits
Qui, dans la vie universelle.
Se mêlent au charme des nuits.