Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



THÉOPHILE GAUTIER


ÉLÉGIAQUE





Maître, l’envieux n’a pu satisfaire
Sur toi son cruel et lâche désir.
Ton nom restera pareil à la sphère,
Qui n’a pas de point par où la saisir.

Pourtant il fallait nier quelque chose
À l’œuvre parfaite où tu mis ton sceau.
Splendeur et parfum, c’est trop pour la rose,
Ailes et chanson, c’est trop pour l’oiseau.

Ils ont dit : Ces vers sont trop purs. Le mètre,
La rime et le style y sont sans défauts.
C’en est fait de l’art qui consiste à mettre
Une émotion sincère en vers faux.

Tu leur prodiguais tes odes nouvelles,
Embaumant l’Avril et couleur du ciel.
Eux, ils répétaient : Ces fleurs sont trop belles ,
Tout cela doit être artificiel.