Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/74

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UNE LARME DE GISELLE





Sur le cercueil, couché dans le fond de la tombe,
On entend résonner la terre qui retombe
À temps égaux. Le prêtre a fermé son psautier.
La France pleure, en deuil, Théophile Gautier.


La foule défila sous un ciel froid d’octobre.
Et je rentrai chez moi. Le jour grisâtre et sobre
Allongeait, en tombant, l’ombre sur le tapis.
À la chaleur du feu, rêveur, je m’assoupis.
Mon foyer s’agrandit : le chambranle de l’âtre
S’ouvrit comme la baie immense d’un théâtre,
Les bûches se changeaient en chênes, en bouleaux,
En saules rabougris, en trembles, en roseaux.
La lune au ciel brillait. La braise incandescente
Imitait d’un étang la nappe miroitante
Où de grands nénuphars découpaient des cœurs noirs.
L’air était vaporeux comme il est aux beaux soirs.
Et soudain les Willis, danseuses fanatiques.