Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/77

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VOX HUMlLIS





Gautier, tu le disais : dans leurs tentures blanches
Quand les morts sont couchés, leurs membres sont bien froids,
Mais leurs cœurs restent chauds ; et, tristes, quelquefois
Ils viennent écouter aux fentes de leurs planches.

Eh bien ! écoute-nous, car nos larmes sont franches
Et les sanglots sont vrais qui déchirent nos voix ;
À ton bûcher funèbre, ô Gautier, tu le vois,
Même les plus petits ont apporta des branches.

Et toi, dont il chantait les ténébreux appas,
Ô Mort, sois-lui bénigne, et ne refuse pas
Au poëte impeccable une paisible couche,

Où, comme un soir la Reine à son poëte aimé,
Les mortes par amour poseront sur sa bouche
L’hommage doux et pur d’un baiser parfumé.

H. DUNESME.