Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 08.djvu/304

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Tout près, à Guimiliau, les figures sculptées sont aussi en abondance, L’architecture n’a pas l’élégance sobre de Saint-Thégonnec, mais la sculpture est plus expressive. Dès l’entrée du cimetière qui entoure l’église, deux cavaliers, juchés sur un petit arc de triomphe de chaque côté d’une statue de la Vierge, intéressent par leur bonhomie, leur vérité. L’un, coiffé d’un bonnet, des cuissards aux jambes, ne chevauche plus guère qu’un tronc de cheval. L’autre, en petit bonnet d’où sortent de longs cheveux, une lourde épée au côté, tient une masse de la main gauche, se caresse la barbe de la main droite en un mouvement familier et ingénu. C’est la préface de tout un monde naïf, vivant, que l’on va voir au Calvaire de 1588. L’architecture du monument est faite d’un gros pilier hexagonal au centre, entouré de piliers carrés reliés à ce pilier central par des arcs qui forment deux étages. Au devant, un petit autel surmonté d’une statue d’évêque et soutenu par deux colonnes cannelées. Au sommet, la croix avec la Vierge et Saint-Jean. Les deux étages sont grouillants de personnages qui jouent en costumes du xve siècle les scènes de la vie du Christ : Bethléem, le bœuf et l’âne, l’adoration des bergers et l’adoration des mages ; la fuite en Égypte, la Vierge, saint Joseph, l’enfant, l’âne ; la présentation au temple ; les noces de Cana ; l’entrée à Jérusalem ; l’arrestation de Jésus au jardin des Oliviers, le dur profil de Judas ; saint Pierre montrant l’oreille de Malchus ; Ponce-Pilate en évêque ; Jésus lié de cordes ; Jésus flagellé ; Jésus les yeux bandés ; la couronne d’épines de Jésus, roi des Juifs ; Jésus portant sa croix ; Jésus tombant sur une pierre ; Jésus rencontrant Véronique ; Jésus crucifié ; Jésus au tombeau, enseveli par les femmes et par Joseph d’Arimathie ; Jésus ressuscité pendant le sommeil des soldats. Et toutes ces scènes, au milieu d’une foule de personnages qui semblent les acteurs d’un mystère du temps de la sculpture : Véronique en bourgeoise, la tête chaperonnée, les seins découverts ; des soldats à hauts-de-chausses, à fraises tuyautées ; à toques en créneaux, des reîtres, des hallebardiers, des joueurs de tambour et d’olifant ; des femmes au grand col, à la haute coiffure ; Catel Collet, ou Catherine la Perdue, précipitée dans la gueule d’un dragon ; le diable déguisé en moine. Çà et là, une scène réaliste de l’époque : des ecclésiastiques dans leur stalle, le lavage des pieds, la communion du pain et du vin, le vin apporté dans un pot, et aux angles, les quatre évangélistes : Marc, Luc, Mathieu, Jean, avec le bœuf, l’ange, le dragon, l’aigle.

LA CHAIRE DE SAINT-THÉGONNEC.

L’église, au porche Renaissance, a sa façade flanquée de tourelles carrées ; la tour de l’église est ceinte d’une galerie de style flamboyant d’où part la flèche ; le porche, extérieurement décoré de délicats motifs de la Renaissance, montre Ève nourrice d’Abel et de Caïn, Noé conduisant l’arche ; sous le porche, les douze Apôtres en bois avec leurs noms inscrits sur des banderoles bleues ; contre ce porche latéral, le charnier et les têtes de mort. Au-dessus des deux portes, un grand Christ byzantin accosté de deux personnages, un homme et une femme de style assyrien. À l’intérieur, les piliers du baptistère sont enguirlandés de pampres