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9314 LE TOUR DU MONDE.

fonda la colonie Marciane Trajane, de Thamugadi, par les soins de la ITTe légion Ar guste, Lucius Munatius Gailus étant lég it impérial propréteur. »

Le troisièn.e consulat de Trajan, correspondant à l’an 100, nous donne ainsi la dite exacte de la fondation de la colonie Marciane.

De cette éroque à la fin du nr siècle, régna une paix profonde et qui fut profitasle à la nouvelle colonie. Plus tard, survinrent les discordes religieuses engendrées par le schisme des Donatistes, et Timgad, devenue un des foyers de l’hérésie, eut à supporter toutes les luttes sanglantes de cette période. Tour à tour dévastée et pillée par les Vandales, puis reconstruite, mise à sac de nouveau par les Berbères de l’Aurès, elle fut relevée de ses ruines parle byzantin Solomon, pour succomber une dernière fois, à la fin du vue siècle, devant l’invasion musulmane.

Depuis cette époque, les quelques monuments respectés de ces hordes barbares, furent ébranlés, puis abattus par des ‘remblements de terre successifs. Les vents violents, qui soufflent »resque en permanence dans la région, amoncelèrent ensuite pendant des siècles la terre de la plaine et le sable du désert, pour recouvrir les ruines imposantes d’une ville dont il ne restait visible, il y a vingt ans, que l’Arc de Trajan et l’une des arcades. des gradins supérieurs du Théâtre. Cette arcade avait été surnommée la « Tête de chameau » par l’imagination fantaisiste des indigènes, du fait de sa vague ressemblance avec le cou de cet animal.

Aujourd’hu , l’étendue des ruines déblayées ne comprend pas moins de 60 hectares ; et de tous côtés, on voit encore surgir, à fleur de terre, d’énormes picrres et d’innombrables colonnes, qui n’attendent que la pioche ct la pell : pour revoir le jour et aller reconstituer, par un assemblage savant et méthodique, des monuments dignes de la grande époque de Tim£g’ad.

Pour permettre au lecteur de nous suivre facilement dans la visite-de la ville, d’après nos photographies, nous avons divisé l’ensemble des ruines en quatre secteurs ; en raison de leur orientation, ces secteurs correspondent à quitre quartiers que nous appellerons, d’après le monument principal qui s’y trouve compris :

Secteur no1d-est ou quartier du Cardo Maximus Nord ;

Secteur suct-est ou quartier du Théâtre ;

Secteur suc-ouest ou quartier du Capitole ;

Secteur no1d-ouest ou quartier de l’Arc de Triomphe.

Quartier du Cardo Maximus Nord. — Pénétrons dans Timgad, par la porte nord, formée de deux ‘énormes piliers #n maçonnerie très bien conservés ; à droite et à gauche, le logemert des gardiens préposés au service de la porte et à la

perception des droits d’entrée

des marchandises. Remontons

la grande voie romaine qui

s’ouvre devant nous ; elle est

pavée de superbes dalles, en

calcaire bleu, où le passage

répété des chars a laissé des

ornières indélébiles. Des deux

côtés, s’ouvrant sur un por-

tique à colonnades, longeant

toute là voie, se trouvaient des maisons particulières, dont le

rez-de-chaussée était le plus

souver.t occupé par des bou-

tiques.

Une disposition ingénicu-

se des dalles de pavage, pla-

cécs ooliquement par rapport

à l’axe de la voie, diminuait

ainsi de beaucoup les secousses

et les cahots des chars. Tout le

TEMPLE SEMI-CIRCULAIRE DU CARDO MAXIMUS : COLONNADÉ DE STYLE CORINTHIEN. sous-s0l de la voie du Cardo est

D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE. creusé dans son milieu, d’un

égout continu, qui recueillait

les égouts particuliers de chaque maison ; de loin en loin, quelques ouvertures, circulaires au regard, pour

vérifier et assurer le bon fonctionnement de l’égout. Comme on le voit, l’hygiène dans l’antiquité ne le cédait pas à nos théories d’aujourd’hui.

Mais voici sar notre gauche un monument semi-circulaire, avec portique à colonnades de style corin-