LA BRETAGNE DU SUD[1]
I. — Le Pays de Nantes.
peine a-t-on fait quelques pas hors de la gare de Nantes, que l’on aperçoit les
quais étendus, les tranquilles avenues, les hauts bateaux balancés dans les
bassins, les petites places silencieuses sur lesquelles tombe la musique métallique
des cloches. Mais Nantes veut un plus long séjour que d’une journée. Il faut y
regarder en détail le château, les églises, les musées. Ce sera pour demain. J’arrive
à la fin d’un après-midi, et je me contente de la promenade de la rue Crébillon,
éclairée par les lampes électriques, tout le long de laquelle déambulent les beaux
et les belles de la ville. À la terrasse des cafés, dans la douceur du soir, ce sont
les conversations d’affaires des négociants, des voyageurs de commerce. On entend
des noms de bateaux, des énumérations de marchandises, causerie crépusculaire
dont je suis loin de contester l’à-propos, et c’est un grand charme,
d’ailleurs, que le décor de la place Graslin et de la rue Crébillon, encombrées
d’une foule qui va et vient, sans bruit, passage d’ombres qui n’est pas troublé par
le roulement des voitures, et qui peut envahir comme il lui convient le milieu de la chaussée. C’est sur
- ↑ La première partie de cette relation a paru sous le titre de : La Bretagne du Nord, année 1902, livraison 19 à 26 ; la seconde partie sous le titre de : La Bretagne du Centre, année 1903, livraison 40 à 46. Pour cette partie, comme pour les précédentes, toutes les photographies ont été faites par M. Paul Gruyer.