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LE MARCHÉ AUX FAÏENCES, À QUIMPER.


LA BRETAGNE DU SUD[1]

PAR M. GUSTAVE GEFFROY.


VI. — Le Pays de Quimper.


Fouesnant. — Le marchand de pommes. — Beg-Meil. — Les « belles » de Fouesnant. — Costumes d’or et d’argent. — Le jardin de la France. — Fête à Benodet. — Fille d’Orient. — L’ours et la chatte. — L’île Tudy et Loctudy. — Pont-l’Abbé. — Le bigouden. — Le musée de Kerniz. — Hypothèses sur l’ancienne ville de Penmarch. — Kerity. — Saint-Guénolé. — La lune sourde. — Le Saut du Moine. — La grotte des Girondins. — Dimanche à Quimper. — Deux dictons. — Saint-Corentin. — Les trois gouttes de sang. — Le mont Frugy. — Le faubourg de Locmaria. — La faïence bretonne. — La statue de Laënnec.



SAINT YVES, CHANDELIER EN FAÏENCE DE QUIMPER.


Fouesnant, au nord-ouest de la baie de la Forest, est un bourg solide, où la vie afflue, au jour du marché, sur la place proche du cimetière et de l’église. On y voit des porcs hauts comme de petits ânes. On y vend du beurre en quantité et des amas de pommes : le cidre de Fouesnant est réputé et il mérite de l’être. Un des personnages les plus intéressants que j’aie rencontrés dans ma vie est un marchand de pommes, qui habitait Roscoff, et qui vint à Fouesnant, au moment où je m’y trouvais, acheter une partie de la récolte, ou même, ma foi ! la récolte tout entière. C’était, si vous voulez, un commis-voyageur, puisqu’il voyageait pour son négoce et qu’il prenait volontiers la parole à la table du petit hôtel où il était descendu et où je me trouvais moi-même. Il prouvait que les commis-voyageurs ne sont pas tous, comme on le prétend, insipides, hâbleurs, diseurs de riens à voix trop haute. Celui-là était un beau parleur, certes, mais il ne parlait pas pour ne rien dire. Il avait beaucoup couru le monde, l’Europe, les côtes d’Afrique, l’Amérique, l’Asie et l’Océanie. La merveille, c’est qu’il avait vu et bien vu tout ce qu’il avait eu sous ses regards. J’ai passé quelques soirées, non à causer avec cet homme, mais à l’écouter plutôt, ne lui donnant la réplique que pour l’exciter à continuer. Je n’ai jamais rencontré un pareil enregistreur de faits, et j’en ai pourtant déjà rencontré quelques-uns, mais celui-là était véritablement étonnant. Doué d’une mémoire qui ne connaissait ni hésitation, ni arrêt, et

  1. Suite. Voyez pages 409, 421, 433, 445 et 457. — Les photographies qui ont servi aux illustrations sont de M. Paul Gruyer.