Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 11.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

9 LE TOUR DU MONDE.

mènera en soixante-quatre heures vingt-cinq minutes jusqu’à Rawal-Pindi, et vous paicrez en première classe 93 roupies 9 annas, soit, au taux actuel de la roupie, environ 160 francs. En courant ensuite la poste, vous atteindrez Srinagar en deux jours. Une place dans le courrier se paye 45 roupies, une voiture spéciale revient à 130.

Si le touriste n’a pas passé l’hiver précédent dans l’Inde, il fera bien d’arriver à Bombay dès les premiers jours de mars. Plus tard il risquerait de trouver la chaleur déjà accablante. En remontant vers le nord, il aura encore le temps de visiter Ahmedabad et ses mosquées ; 1e mont Abou et ses sanctuaires djaïns, bijoux de marbre ciselé ; la ville rose de Djaïpour d’où un éléphant le conduira à Amber, la vieille capitale désertée : Agra et sa fameuse merveille du Tadj-Mahal, assurément le plus beau monument qu’en aucun lieu du monde l’amour aît jamais élevé à la mort ; Mathourà, patrie du dieu.Krichna, et ses quais bordés de temples où les singes disputent aux tortues du fleuve les offrandes des pèlerins, l’impériale Delhi, dont la campagne, jonchée à perte de vue de ruines imposantes, a le même air de grandeur et de désolation que celle de Rome ; Amritsar, la ville sainte des Sikhs, qui mire dans un étang les coupoles d’or de son temple trop vanté..…. Enfin le voici à Lahore. ‘

Là, que de choses encore à voir : le beau musée, les rues pittoresques de la ville indigène, le fort d’Akbar, la mosquée d’Aureng-Zeb ; celle de Vazir-Khân, toute revêtuc de précieux carreaux de faïence ; les jardins mogols de Shalimar, et, au delà du grand pont de bateaux de la Ravi, ceux de Shah-Dehra où Jehan-Guir, de son vivant grand libertin, opère après sa mort des miracles ; puis les innombrables tombeaux qui font de Lahore et de sa banlieue comme une vaste nécropole et peuvent, pendant des mois, donner un but nouveau à chaque promenade‘du soir. On nous en voudrait de ne pas mentionner celui de la pauvre Anarkali, dont le nom signifie « Bouton de grenade » et qui fut, dit-on, cnterrée vive, en la fleur non épanouie de sa jeunesse, pour avoir une fois rendu son sourire à ce : même dchan-Guir, du temps qu’il n’était encore que le prince héritier Sélim. Et pourtant, j’eus une surprise plus émue en visitant la mai-


son où vécut le général Allard, — un de ces officiers de la grande armée qui firent, à charge de revanche, la fortune de Randjit Singh, — et où il donna l’hospitalité à Jacquemond ; sous un kiosque du jardin, : une simple dalle de marbre porte ces mots en fran-Gais : MARTE ALLARD, Six MOTS.

Entre temps, le touriste fera ses préparatifs de nomade civilisé. 11 commencera par se procurer une tente légère, mais pourtant double, du modèle ‘dit : « Cottage suisse » ou « tente de Kaboul ». Puis il réunira un mobilier de camp comprenant un lit démontable, des chaises et des tables pliantes ; de la batterie de cuisine, plus volontiers un jeu de casseroles en aluminium rentrant les unes dans les autres ; un four de campagne, de la vaisselle émail lée, des chandelicrs ou des lampes de jardin ; enfin le très petit nombre d’objets qui sont vraiment indispensables. Il peut d’ailleurs remettre jusqu’à son arrivée au Kachmir une partie de ces acquisitions et louer le reste à l’une des agences de $Srinagar.

Surtout qu’il ne manque pas d’engager, dès Labore, deux de ces précicux domestiques indiens, si habiles à assurer le confort de leur maître au milieu de toutes les tribulations des déplacements quotidiens. L’un lui servira de Rhitmatgar (valet de

PETIT SANCTUAIRE LATÉRAL DANS L’UN DES TEMPLES DIAÏNS chambre) ; l’autre sera le khansama (cuisinier). Leur

DU MONT ABOU. — D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE. salaire mensuel est de 12 à 46 roupies, plus une indemnité de 8 roupies quand on les emmène loin

de chez eux, à charge de se nourrir eux-mêmes. Ges musulmans du Pendjäb sont en général des gens de confiance et parfaitement sobres, ce que ne sont pas toujours les domestiques qui guettent dans les ports de mer l’arrivée des globe-trotters. Assurez-vous seulement qu’ils soient bien de même secte, pour éviter de fâcheux conflits. Les miens s’étaient fort bien entendus durant la campagne, mais tout finit par des grincements de